Les inégalités face à l'isolement
L'inégalité économique
L'explication psychologique (asociabilité, culpabilité…)
ou biographique
(rupture du parcours de
vie)
ne doit pas masquer les profondes inégalités à l'origine
des phénomènes d'isolement
et
d'exclusion sociale.
Indépendamment des causes déclarées
de l'isolement
(divorce, perte
d'emploi…), les personnes dont nous venons de restituer les
propos
ont en commun de vivre dans
des situations de pauvreté et de précarité particulièrement
marquées.
En clair, l'isolement touche
tout le monde,
mais de manière totalement inégale.
L'enquête témoigne en effet de la prégnance
des inégalités sociales
en matière d'isolement
et de
l'impact majeur de la pauvreté.
Les personnes ayant des revenus
inférieurs à 1 000 € par mois ont
4 fois plus de risque d'être en situation d'isolement
objectif
que celles ayant des revenus
supérieurs à 4 500€ (18% contre 5%).
Parmi les 4 millions
de personnes isolées,
1 200 000 ont
des revenus inférieurs à 1 500 € par mois.
Les résultats de l'enquête témoignent de l'existence
d'une corrélation forte
entre isolement et
pauvreté, entre capital social et capital économique.
La
pauvreté impacte par exemple la capacité à
développer son cercle amical
(14% des personnes ayant des revenus
inférieurs à 1 000 € n'ont
aucun ami contre 2% de ceux qui ont des revenus supérieurs à 2
500€),
la probabilité de s'inscrire
dans un réseau associatif
(65% des personnes ayant des revenus
inférieurs à 1 000 € par mois
n'ont pas de réseaux associatifs contre 47% des personnes
ayant des revenus supérieurs à 2
500€),
la densité des relations sociales au sein de la cellule
familiale
(les relations avec les
membres de la famille sont d'autant plus faibles que l'on
est pauvre)
ou encore la capacitéà développer des relations
dans le cadre de son activité professionnelle
comparativementà l'ensemble des salariés, les travailleurs pauvres
ont 2,4
fois plus
de chances de ne pas réussirà développer
des relations professionnelles
dans le cadre de leur
travail
Part des personnes non inscrites dans les différents réseaux
sociaux
selon les revenus
la probabilité d'être
isolé croît avec le chômage de longue durée,
la baisse
du niveau de diplôme et la précarité de l'emploi.
Les personnes au chômage de longue durée ont 2 fois plus
de chances d'être privées
de
tout réseau social - 18% contre 9% en moyenne
Les non diplômés ont près de 3 fois plus de chances
d'être privés de tout réseau social
26% contre 9% en moyenne
Les personnes précaires travaillant à temps partiel
ont
3 fois plus de chances d'être privées
de tout réseau social (27% contre 9% en moyenne)
Pas d'inégalité ville / milieu rural
Il est assez convenu de dire que la ville est productrice d'isolement.
La communauté rurale
favoriserait l'inscription dans des réseaux sociaux de proximité et
les rapports directs
entre les
habitants. Il s'agit là d'une idée visiblement
fausse.
Si la densité des relations familiales est
sensiblement plus forte en zone rurale
(écart de 7 points entre
les unités urbaines de plus de
100 000 habitants et les communes rurales),
on n'observe en ce qui
concerne les relations
amicales, professionnelles ou associatives aucune différence significative
entre les zones rurales,
urbaines ou périurbaines y compris concernant les relations de
voisinage.
Au final, la part des
personnes en situation d'isolement objectif est identique
entre
zones rurales et urbaines.